5.15.2007

Une première en France : procès en cours pour discrimination raciale de l'Oréal sur des postes d'animatrices.

PARIS (Reuters) - Les sociétés Garnier, filiale du géant mondial des cosmétiques L'Oréal et Adecco, spécialiste du travail intérimaire, doivent être jugées en appel à Paris comme personnes morales pour "discrimination raciale à l'embauche".
 
Ce procès visant de grandes sociétés cotées en Bourse est une première judiciaire en France, où les poursuites pénales pour racisme dans le monde du travail sont très rares.
 
Les deux sociétés avaient été relaxées en première instance le 1er juin 2006 par le tribunal correctionnel de Paris, contre l'avis du parquet, qui demandait des amendes.
Ce dernier a fait appel, de même que l'association SOS-Racisme, partie civile.
 
Seront également rejugés les autres prévenus relaxés en première instance, Districom, partenaire de communication de L'Oréal, et des employés de toutes les sociétés, dont l'ancien patron français de Garnier, Laurent Dubois.
Les personnes physiques encourent jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende, les sociétés des amendes. Elles nient les faits qui leur sont reprochés.
 
Garnier est accusé d'avoir demandé d'exclure les candidates d'origine arabe, africaine ou asiatique d'emplois d'animatrices en grandes surfaces, lors d'une campagne promotionnelle en 2000 dans la région parisienne pour la ligne de produits "Fructis Style".
 
L'accusation estime qu'elle dispose d'une preuve matérielle : une mention sur un fax du 12 juillet 2000, envoyé par la société de communication Districom à des agences d'intérim.
 
Ce document précisait les exigences requises pour les animatrices commerciales : être âgée de 18 à 22 ans, faire un taille de vêtements entre 38 à 42 et avoir le type "BBR".
 
Pour le parquet, cette mention, qui signifie "bleu-blanc-rouge", nom de la fête annuelle du Front national, est un code raciste connu des agences d'intérim pour exclure les candidats de couleur.
 
Lors de la première audience, le 18 mai 2006, Thérèse Coulange, ex-employée de Districom et auteur du fax, avait assuré qu'il s'agissait avec la mention "BBR" de demander des personnes "s'exprimant correctement en français".
Un témoin, également ancienne employée de Districom, avait cependant assuré que les candidates de couleur étaient explicitement exclues de la campagne L'Oréal.
(en gros, les accusées ont été virées de leur société..? ensuite..)
 
Une enquête de l'inspection du travail versée au dossier a montré que les candidates de couleur avaient été de fait exclues par Adecco de l'équipe finale d'animatrices commerciales, où elles représentaient moins de 4% du total.
 
L'Oréal a estimé après l'audience avoir été "très injustement" impliquée. "Le respect de la personne humaine est un principe fondamental de la culture de L'Oréal", affirmait alors le groupe dans un communiqué.
De très nombreux rapports ont montré que la discrimination à l'embauche visant les postulants noirs, arabes ou asiatiques s'était banalisée ces dernières années en France et même organisée.
 
Publié en septembre 2005 peu avant les violences dans les banlieues françaises, un rapport de l'ex-ministre de l'Industire Roger Fauroux estimait ainsi qu'à CV égal, une postulante maghrébine recevait trois fois moins de réponses favorables que la moyenne à une demande d'entretien d'embauche et un candidat maghrébin cinq fois moins.
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
Résultats donc à l'issue de ce procès qui rejugera en appel les prévenus.
 
A noter que selon les exigences requises, on pourrait aussi condamner la société "qui le vaut bien" à une autre discrimination, celle de l'âge et de la taille, également, car 18-22 ans et 38/42, sont aussi des éléments discriminants au sens de la loi.
 
Mais ceux-ci, on n'en parle pas encore, le jeunisme et l'esthétique étant des valeurs quasi intégrées aux jugements actuels, ce qui n'est pas pour autant acceptable.
Personnellement, je ne suis pas choquée d'avoir des animatrices qui ne sont pas des top-models en magasin, car on ne leur demande pas de défiler ! mais d'expliquer et de promouvoir les produits. Pour cela, il n'est pas nécessaire d'entrer dans les fourches-caudines de Garnier.


Découvrez une nouvelle façon d'obtenir des réponses à toutes vos questions ! Profitez des connaissances, des opinions et des expériences des internautes sur Yahoo! Questions/Réponses.

Aucun commentaire: