Les experts scientifiques mondiaux sont parvenus vendredi à un accord à l'arraché sur les conséquences dramatiques du réchauffement climatique après une réunion marathon qui a vu certains pays, Arabie saoudite et Chine en tête, se battre pour en diluer les conclusions.
Les experts du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), qui avaient sans trop de difficulté conclu en février à Paris que le réchauffement était à plus de 90% de probabilité d'origine humaine, se sont vivement affrontés pendant cinq jours sur la formulation de l'impact du phénomène.
"Nous venons de terminer cette réunion marathon et nous avons un rapport qui est accepté", a déclaré à la presse Rajendra Pachauri, le président du Giec, après une nuit blanche. "Je pense que nous avons finalement un bon document."
Toute la difficulté est venue du fait qu'il leur fallait rédiger un résumé d'une vingtaine de pages à l'adresse des "décideurs" à partir des 1.572 pages du rapport scientifique du Giec sur ce sujet, un exercice plus politique.
Un des vice-présidents de la réunion, le climatologue belge Jean-Pascal van Ypersele, de l'Université catholique de Louvain (UCL), a accusé les délégués de certains gouvernements - une centaine d'entre eux étaient représentés - de traîner les pieds.
"Ce sont surtout l'Arabie saoudite et la Chine qui posent des problèmes difficiles", a-t-il déclaré à la radio belge RTBF.
Ryad a voulu préserver ses intérêts d'exportateur de pétrole tandis que Pékin voulait éviter des mesures trop strictes qui risqueraient de freiner sa croissance économique, la Russie et, dans une moindre mesure, les Etats-Unis, leur emboîtant le pas.
DES PERTES "REGRETTABLES"
Cela s'est traduit par le retrait du résumé de tableaux établissant le lien entre l'utilisation d'énergie fossile et le réchauffement climatique et par l'introduction de quelques éléments de doute quant à son impact sur les systèmes naturels.
Mais, pour les scientifiques, l'important n'est pas là.
"Je ne pense pas qu'il serait juste de dire que (le document) a été dilué", a estimé le vice-président de la réunion de cette semaine, Martin Parry, tout en reconnaissant des pertes "regrettables" de matière scientifique et des "tensions".
"Il y a des moments où des personnes ont quitté la salle, mais ils sont revenus", a-t-il dit. "Certains messages ont été perdus, mais je ne pense pas du tout que LE message soit perdu. La clé, c'est que les gouvernements l'ont accepté."
Pour la Commission européenne aussi l'essentiel est dit dans le résumé adopté par les experts scientifiques.
"Il montre les effets dramatiques qui se feraient sentir si le réchauffement de la planète dépassait la limite des 2°C au-dessus du niveau de l'ère industrielle fixée par l'Union européenne", a déclaré le commissaire à l'Environnement, Stavros Dimas, qui a appelé à une action rapide au niveau mondial.
Même l'organisation Greenpeace, tout en regrettant l'attitude de pays considérée par des experts comme "un acte de vandalisme scientifique", a salué les conclusions du rapport.
"C'est un avant-goût d'un avenir apocalyptique", a estimé Stephanie Tunmore, l'une de ses spécialistes du dossier. "La terre sera transformée par le changement climatique induit par l'homme, à moins que nous agissions bientôt et rapidement."
Les conclusions à l'usage des décideurs prédisent qu'une élévation des températures moyennes du globe provoquera une forte baisse des rendements des récoltes en Afrique et donc davantage de famines, un recul des glaciers en Himalaya, des épisodes de canicule répétés aux Etats-Unis et en Europe et des dégâts sur la Grande Barrière de corail d'Australie.
DES "MILLIARDS DE PERSONNES" AFFECTÉES
Pour les céréales, l'idée selon laquelle les régions tempérées connaîtront un rendement plus élevé est battue en brèche: c'est vrai jusqu'à une augmentation de 2°C de la température, mais au-delà la production baisserait.
Les régions qui souffriraient le plus sont l'Arctique, par la fonte des glaces, l'Afrique sub-saharienne victime de sécheresse, les petites îles englouties par la montée des eaux et les deltas asiatiques géants inondés en Asie.
Des "milliards de personnes" seront affectées, a dit Parry en ajoutant que le rapport insiste sur le fait que ce sont les pauvres - notamment en Afrique, où la malaria va se propager grâce au réchauffement - qui en pâtiront le plus.
"Je ne pense pas qu'on exagère, si on peut reprocher quelque chose au Giec, c'est de sous-estimer", a-t-il expliqué.
Une "guerre de l'eau" est redoutée par les experts.
"Le changement climatique peut entraîner des conflits", a souligné Yvo De Boer, le responsable de l'Onu pour le changement climatique en soulignant que 250 millions de personnes étaient déjà déplacées à l'heure actuelle en raison du phénomène.
Le rapport se montre un peu plus timide concernant les conséquences du réchauffement climatique sur les systèmes naturels puisqu'il évoque un impact "probable".
"Mais sur tous les continents, il y a un signal régional", a expliqué Martin Parry lors d'une conférence de presse.
En Europe, la situation est basée sur l'étude de la Suisse.
Les petits glaciers y disparaissent, les grands glaciers verront leur volume réduit de 70% d'ici à 2050, l'enneigement sera réduit de 50 jours par an et la flore change.
"Nous adapter sera nécessaire pour atténuer l'impact d'un réchauffement qui est déjà inévitable en raisons des émissions passées", a conclu Parry, selon lequel il faudrait des décennies pour corriger le tir, même si on arrête d'en produire.
Le Giec, créé en 1988, a déjà publié trois rapports d'évaluation (1990, 1995 et 2001) s'appuyant sur les travaux d'environ 2.500 chercheurs de 130 pays.
C'est le rapport de 1995 qui a ainsi servi de base aux négociations du Protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les pays industrialisés.
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Deux autres réunions, portant sur les remèdes à mettre en oeuvre, sont programmées cette année à Bangkok et à Valence.
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Donc, voilà ! Des pays inconséquents veulent continuer à abuser en dédramatisant ou en mentant sur la gravité de la situation, et nous allons continuer à "étouffer" notre planète même en essayant de corriger le tir.
Les réunions de Bangkok et de Valence devront être exemplaires pour l'avenir et la conscience humaine COLLECTIVE.
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