2.21.2006

Confondre circulation et prédation capitaliste

La Commission européenne a vivement condamné le renforcement des arsenaux anti-OPA envisagés par la France et le Luxembourg pour tenter de contrer l'offre de Mittal Steel sur Arcelor. "Personnellement, je suis opposé à ce genre de mesures parce que je crois qu'elles représentent une régression, pas la voie vers l'avenir", a expliqué le commissaire européen au Marché Intérieur, Charlie McCreevy, lors d'une conférence de presse.Prié de dire ce qu'il pensait des "poison pills" (pilules empoisonnées) dont les deux pays veulent se doter pour empêcher une offre d'achat hostile, il a estimé que, si elles étaient compatibles avec la "lettre" de la directive OPA, elles étaient "contraires à l'esprit de la libre circulation des capitaux". "Je suis absolument convaincu que si l'on emprunte la route du protectionnisme, même d'une manière très minime, on s'expose à des mesures de représailles", a-t-il expliqué. "Je crois que c'est le mauvais message à envoyer de l'Union européenne pour de nouveaux investissements", a-t-il ajouté en précisant qu'il était "trop tôt pour anticiper ce que nous pourrions faire" à l'encontre de Paris à Luxembourg. McCreevy fait partie du clan le plus libéral de la Commission européenne, qui est largement majoritaire. Le ministre français de l'Economie, Thierry Breton, a confirmé vendredi dernier son souhait "d'offrir aux entreprises françaises les mêmes armes de défense que les entreprises anglo-saxonnes" par le biais de bons de souscription d'actions (BSA) en cas d'OPA, une procédure qui serait décidée en assemblée générale des actionnaires. LE LUXEMBOURG AUSSI Il entend déposer un amendement en ce sens au Sénat, dans le cadre de l'examen du projet de loi transposant en droit français une directive européenne sur les OPA. Un BSA permet à celui qui en bénéficie de souscrire une action jusqu'à une date déterminée et à un prix fixé d'avance et avantageux. Une entreprise visée par une OPA hostile pourrait donc distribuer des BSA à ses actionnaires. Si ces actionnaires transforment ces BSA en autant d'actions nouvelles, le capital de l'entreprise augmente mécaniquement et la société concernée devient plus difficile à absorber, parce que le prix à payer augmente lui aussi mécaniquement. De son côté, le Luxembourg, qui détient 5,6% du capital d'Arcelor, a pour sa part annoncé il y a 15 jours son intention de transposer la directive européenne sur les acquisitions dans le droit national, ce qui lui donnerait certaines armes. Cette loi permettrait au conseil d'administration d'une société visée par une OPA hostile de s'opposer à celle-ci, à la condition d'en avoir été autorisé par les actionnaires. Dans le droit actuel, les sociétés luxembourgeoises peuvent déjà prendre des mesures de défense contre une OPA - telles qu'émissions d'actions nouvelles ou acquisitions défensives - mais sans le consentement préalable des actionnaires. Bravo ! Encore un commentaire type 35 heures et principiel de la part de ce commissaire au Marché Intérieur qui ne se préoccupe pas de la réalité des faits et de la valeur et qui aveuglément poursuit un idéal quasi angéliquo-destructeur d'ouverture. C'est pas Oui-oui et le pays des jouets les marchés et l'économie européenne. Y'a pas de main invisible vertueuse comme vous l'avez appris dans les écoles de sciences politiques (je le sais, j'y étais) qui régulent tout toutes seules si on n'a pas anticipé les conditions qui s'y joue et les forces en jeu ! Il faut accompagner et prévenir les erreurs. Là encore. Les sociétés de services de petites tailles se font aujourd'hui détruire en France car les contrats sont pris à moindre frais de salaires par des Roumains..C'est cela l'Europe, aujourd'hui, car rien n'a été fait pour limiter cette chute pour nous (ni quotas protectionnistes ni rien ) donc leurs emplois font bien nos chômeurs aujourd'hui. Alors, en étant pragmatiques, on ne peut dire que l'Europe telle qu'elle est bâtie en ce moment par des apprentis-sorciers de l'intégration à tout crin et volontariste c'est bien, quand ca n'anticipe pas cela. Prendre à la France pour donner à la Pologne schématiquement qui part de beaucoup plus bas et qui a donc d'autant plus de force de prix à proposer, ce n'est pas ce qui a construit l'Europe et ses principes de fondation solidaires avec l'Italie et l'Espagne. Normal qu'il y ait de gros soucis avec ces Commissaires aujourd'hui. Donc, qu'ils soient un peu moins cons et moins supra-nationaux, car leur job n'est pas en l'air suspendu au-dessus de la mêlée et désincarné de leurs responsabilités d'impacts. Sur ce cas précis d'arsenal limité d'ailleurs de protection anti-OPA le commissaire nous parle de "Circulation libre" en déifiant les principes de l'Union de départ, alors qu'il s'agit de "Préemption d'actifs et d'emplois locaux", qui ne sont plus des capitaux purs, mais leur titre de propriété. Schumpeter avait raison..le capitalisme se détruuira de lui-mm avec ses ultras. Si quelqu'un ne veut pas se vendre, il doit avoir le droit de refuser d'une manière ou d'une autre. Si c'est la liberté qui préside aux principes de Libre Circulation, alors moi je dis que c'est la liberté de ne pas se faire déposséder de son destin si on a encore les moyens financiers d'y pourvoir qui doit être respectée au-deçà de tout. Arcelor n'est pas en faillite. Il ne veut pas être racheté. Il en a les moyens. Alors un commissaire qui ressemble à un mauvais curé de l'évangile ne va pas se la pêter comme s'il était Dieu le père. Au nom de quel abus de pouvoir ? Un : pourquoi serions-nous moins bien lottis en terme de protection contre des raids sur les marchés financiers que les Luxembourgeois ? Deux : ce qui est valable pour eux le sera pour nous, ce n'est pas plus mal pour le capitalisme d'avoir à s'expliquer et à négocier sur le fond les conditions de réussite et de développement-maintien des affaires rachetées. On n'épouse pas une mariée de force chez nous, ni sans son consentement. Un peu d'entente ne peut nuire au global. Trois : que l'on revienne aux principes de croissance européenne concertée et communautarisée de l'Europe de Schumann, svp, sans se perdre dans des détails opérationnels et de phrases d'un temps passé. Ca pourrait être du Chirac ces conneries d'une génération qui a passé trop de temps en exam et qui ne lit pas bien les journaux du monde d'aujourd'hui.

1 commentaire:

Une femme d'aujourd'hui a dit…

Mon homme me dit à juste titre que Michelin sait avec 3% du capital garder le contrôle de son groupe sous société en commandite par action, et que les problèmes de Guy Dollé seraient résolus comme souvent en management si les patrons en place sont payés, achetés et assurés d'un rôle maintenu dans le futur ensemble. Certes, ces arguments viennent enrichir le débat. Mais alors, comment maintenir l'intérêt général d'un actif maintenu dans un giron économique national ou européen, quand d'un côté les actionnaires se vendent au plus offrant, quand de l'autre, le management serait prêt aussi à le faire pourvu qu'on y mette le prix. Où se trouve alors le lieu de maintien du "patriotisme économique"?