2.21.2006
Ce qui cloche en économie, c'est la politique de son intelligence !
Nicolas Claquin (HSBC)
Comme annoncé la semaine dernière, la croissance a progressé de 0,2% au 4ème trimestre. Au total, avec une hausse de 1,4% en 2005, elle marque un net ralentissement par rapport à 2004.
Cependant, malgré la déception du chiffre du 4ème trimestre, le détail des composantes apporte quelques bonnes surprises. L'effondrement de la croissance en fin d'année ne provient pas de la demande interne. Au contraire, celle-ci a plutôt bien résisté. Elle s'est maintenue en 2005 légèrement au dessus de 2%, sans fléchir par rapport à 2004. La consommation des ménages affiche la même progression qu'au trimestre précédent. Pourtant, les indicateurs déjà parus indiquaient une nette détérioration de celle-ci, notamment en biens manufacturés. Sur l'ensemble de l'année 2005, elle affiche une hausse de 2,1%, et dans la mesure où les gains de pouvoir d'achat ont été inférieurs à 2%, les ménages ont encore puisé dans leur épargne pour maintenir un certain niveau de dépenses.
L'investissement des entreprises affiche une hausse encourageante de 1% sur le trimestre, soit 3,7% en 2005, le meilleur résultat depuis 2001. Cela reste certes nettement inférieur à un rythme de reprise traditionnelle de l'investissement, habituellement plus proche de 8 à 10%, et témoigne encore d'un certain manque de visibilité des entrepreneurs, mais c'est un point positif.
Le point noir de l'économie reste le commerce extérieur. Pour la 3ème année consécutive, il retranche 1 point à la croissance sur l'ensemble de l'année. Les exportations ont progressé de 3,2% l'an dernier, un rythme plus de 2 fois inférieur à celui du commerce international. L'espoir de voir le commerce extérieur peser positivement sur la croissance n'a pas été confirmé après un 3ème trimestre favorable, et la fin d'année a de nouveau enregistré une contribution négative.
Ce mauvais résultat est à mettre en parallèle avec le déficit commercial record de 2005. La France souffre depuis 2001 d'un manque de dynamisme flagrant de ses ventes à l'étranger avec des pertes de parts de marché mondiales régulières. Logiquement, cela s'en ressent sur la croissance. La relative bonne tenue de la demande interne alimente parallèlement un flux d'importations croissant, supérieur à 6% l'an pour la seconde année consécutive, qui se fait au détriment de la production domestique.
Le phénomène semble structurel. Les pertes de compétitivité et de parts de marchés de la France s'installent depuis plusieurs années. La concurrence internationale sur le marché des biens tire les prix des produits à la baisse, stimule les importations en provenance des pays à bas coûts de production, modère la demande de biens domestiques et altère la compétitivité des produits français à l'exportation.
Il en résulte une forte contribution négative du commerce extérieur.
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Conclusion : le seul argent qui reste aux français est dépensé dans des achats pas chers et importés.
Les filles qui comme moi n'ont acheté qu'à La Redoute et en soldes ou chez H&M leurs habits quand dans le temps elles allaient le dépenser chez Promod ou Etam ou 123 qui sont des chaînes françaises le savent : tout est fait en Malaisie, en Roumanie, à l'Ile Maurice, en Chine, au Maroc ou en Inde pour les habits à paillettes.
Je m'accuse donc, je SUIS responsable de la hausse des importations, parce que je ne suis pas responsable de la baisse de mes revenus (enfant+chômage)ou de la baisse des salaires proposés aux jeunes cadres sur le marché(moins de 40k euros quand il y a encore quatre ans ils étaient positionnés autour des 50K).
Donc, les français arrivent à maintenir un certain niveau de vie apparent en jouant sur les soldes et sur les produits mondialisés = importés et fabriqués dans des ateliers étrangers ou clandestins sur Paris (50 000 clandestins chinois sont employés par d'autres chinois dans la capitale selon les informations) seuls suffisamment bon marché pour arriver à garantir les marges des commerçants d'une part et les prix finaux d'autre part. Il n'y a pas de miracle.
Il n'y a que de la logique économique en politique.
Continuer à exploiter les jeunes plus longtemps ne changera pas la donne, et renforcera cette tendance de l'achat discount.
Ce qui ne me choquerait pas si nous étions suffisamment malins à l'échelon national pour compenser ces importations de produits à faible valeur ajoutée par des réelles hausses des exportations en contrepartie.
Quelques Airbus de plus vendus aux Indiens par Mr Chirac ou plein de nouveaux vuittons vendus aux japonaises sont un petit détail dans la masse de ces produits qui ne sont pas exportés avec suffisamment de conviction ou d'avantages concurrentiels à l'étranger. Devise Euro forte et prix trop élevés en fonction de nos coûts de production et des charges sur salaires nous handicapent clairement d'une manière générale.
Quels sont aujourd'hui les produits les plus en croissance de manière générale dans les importations des pays riches afin que l'on se cale et que l'on étudie la manière d'agripper ces parts de marchés en hausse potentielle ?
Sommes nous capables d'être sur ces marchés, et au-delà, quels sont les axes d'avenir pourvoyeurs d'emplois et de profits (vive Total !)les plus clairs où nous serions crédibles ?
En 1996, je travaillais dans une société de conseil en développement auprès des collectivités sur Lyon, et une de mes collègues cherchait justement à mutualiser les efforts de développement et de prospection commerciale des marchés à l'étranger pour le compte des PME locales et de leurs productions. Elle s'était escrimée à trouver des sociétés capables à plusieurs de financer des contacts et des études de marchés en commun. Je trouvais son service intelligent, efficace, et prometteur.
Ma collègue a été licenciée très vite pour absence de retour sur ses initiatives, les PME locales estimant mal les gains qu'elles pourraient retirer de ces démarches et donc, pourquoi dépenser un sou sans savoir ?
A ne pas tenter, à ne pas oser, qui est-ce qui se ratatine et se sclérose ? Nos PME.
La concurrence économique s'étudie, se décortique, marchés par marchés, produits par produits et se soutient ensuite par des investissements.
Les investisseurs en bourse ne parient plus que sur les valeurs d'export et qui sauront capter la croissance de nos concurrents émergents à leur bénéfice.
Mais là encore, si aucune démarche n'est impulsée par le politique pour étudier, alerter et orienter les diagnostics sur le privé, avec des analystes par marchés d'une manière sérieuse, qui le fera ? Le commissariat au Plan est plus ou moins mandaté pour le faire en théorie. Le poste que lequel je postulais d'aide à la réflexion stratégique pour la France a été non pourvu fin 2005.
Où se trouve aujourd'hui la réelle intelligence économique porteuse de valeur ajoutée et de réalisations économiques porteuses à l'export dans nos organisations ? Dans le public ? Dans le privé ?
Qui a la légitimité et les moyens pour soutenir concrètement ces réflexions ?
A la direction de l'IE de Bercy ? A la Fépie ? Au sein des Directions Stratégiques des Holdings qui ne se mêlent pas de produits..? Au sein des Directions Marketing ?
Nous voyons qu'aujourd'hui les économistes des banques et les analystes suivant les valeurs sont quasiment les seuls à même de juger de la qualité des positionnements de leurs Grandes Valeurs par marchés, mais plus avant, sur ce qu'il va falloir réellement faire ou investir pour se remettre dans la course plutôt que d'y rester de plus en plus à reculons, à qui ce soin STRATEGIQUE de Vision est-il confié ?
Merci de vos réponses, et surtout quelles sont les compétences et les niveaux attendus de ces analystes pour parvenir à cercler les cartes stratégiques concernées.
Car lorsqu'on voit, dans ce petit milieu renfrogné de l'IE quels combats d'arrière-garde et hors réelles compétences opérationnelles sont drivés et anticipés par des hiérarches fonctionnarisés pour tenter de s'approprier ces Hautes Fonctions Intellectuelles de Pouvoir et de Gestion de cette Stratégie au mépris du mérite, on ne s'étonne plus que tout cela piétine, se chahute et se discrédite à qui mieux mieux pendant que notre économie se délite à une allure éclair.
C'est encore à nous et à nos enfants de prendre ces chocs en pleine figure puisque nous en sommes les ajustements, qui en deviennent des fautes bien plus que des erreurs d'anciens occupés à "politiquer" et même pas à écoper l'eau du navire !
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